- CANCER BATS par ARIS3AGAIN - 2682 lectures
A l’occasion de la sortie imminente du quatrième opus de Cancer Bats, nous avons rencontré Liam Cormier, le chanteur du groupe. Bavard et détendu, le gaillard nous a parlé avec passion de « Dead Set On Living », qui sortira le 16 avril prochain.



Pour commencer, comment caractériserais-tu l’évolution entre ce nouvel album et ses trois prédécesseurs ?
Je pense que sur les trois premiers disques, il fallait qu’on se trouve nous-mêmes, qu’on comprenne ce que Cancer Bats devait être, musicalement et thématiquement. Il nous fallait du temps pour appréhender cette identité. Les trois premiers albums montrent bien cette recherche : « Birthing The Giant » était assez hard, « Hail Destroyer » plus hardcore, et « Bears » plutôt sludgy et heavy. Donc quand on a commencé à écrire « Dead Set On Living », on ne voulait pas perdre les éléments marrants qu’on avait dans « Birthing The Giant » ou des choses qu’on aimait particulièrement faire au début. Je pense que tout cela était plus ou moins présent dans tous nos disques, mais tu l’entends encore plus sur notre nouvel album. On a pris toutes ces idées pour en faire une galette, et c’est vraiment un disque de Cancer Bats pour les fans de Cancer Bats. On est nous-mêmes des fans de Cancer Bats ! On ne veut pas écrire quelque chose qui ne nous correspond pas. Ca fait bizarre de le dire comme ça, mais parfois, tu te retrouves un peu trop coincé dans ce que tu devrais faire, ou dans ce que les autres pensent que tu devrais faire. Et au final, la seule chose qu’on doit faire, c’est jouer des morceaux qu’on adore.


C’est clair que si tu n’aimes pas tes propres chansons, ça commence mal !
Oui ! (rires) Et puis, c’est pour ça qu’on a commencé à l’origine à jouer ensemble. On a toujours voulu faire des disques dont on était vraiment très fier et heureux. Essayer d’être quelque chose qu’on n’est pas est une erreur. Au début, on ne voulait pas devenir trop sérieux, trop « business ». Tu ne te lances pas dans un groupe pour que ce soit une affaire et pour te faire de l’argent ! Quand ça arrive, c’est rare que ces formations-là arrivent à s’en sortir. Quand tu as du succès, il faut s’accrocher à ce qui a fait que tu as réussi, c’est être honnête.

Donc votre état d’esprit pendant la composition était de s’amuser avant tout ?
OUI ! On s’est dit « fuck it », on se balançait des idées, et c’était presque égoïste, on se disait que tel ou tel morceau allait être tellement marrant à jouer en live ! Pour les paroles, c’était la même chose, j’ai eu envie d’écrire des textes avec lesquels j’allais m’éclater en concert. Pour chacun des instruments, on a tout fait pour que ces nouveaux morceaux soient excitants en live pour nous ! On se sent très chanceux que nos fans et les personnes qui nous écoutent nous aient soutenus depuis nos débuts et aiment ce que l’on fait.


Tu évoquais les paroles, qu’est-ce qui t’inspire pour les écrire ?
Je pense que le plus important, c’est que j’essaie avant tout de rester le plus honnête possible. J’évoque beaucoup ma propre expérience, des évènements ou des épreuves par lesquelles je passe. C’est ce à quoi je m’identifie le plus dans les paroles des autres groupes, lorsqu’ils parlent précisément de choses qui leur arrivent dans la vie. Pendant qu’on composait cet album, par exemple, un de nos amis proches a été hospitalisé pour une crise cardiaque, alors qu’il est âgé de seulement 28 ans ! Pour nous, ça a été un véritable signal d’alarme. Personnellement, pouvoir écrire à propos de cette histoire m’a vraiment permis d’ouvrir les yeux sur beaucoup de choses, j’en parle notamment dans « RATS » ou « The Void ». On a tous été très inspiré par le fait d’aller chaque jour à l’hôpital pour le voir après les répétitions. Quand j’y allais, je pensais à plein de choses. Par exemple, « RATS » est plus ou moins à propos de la colère que j’ai ressentie en pensant à tous les connards qui s’en foutent des autres, qui veulent seulement gagner quelque chose de leurs relations et qui s’en tapent de s’ils font du mal ou non aux gens. Les fans qui nous écoutent savent ainsi que s’ils vivent ce genre d’évènements ou ressentent ce type de sentiments, ils ne sont pas seuls dans cette épreuve. Je peux être assez sombre et introspectif. Je vois bien que le monde n’est pas un endroit parfait. Mais au final, ma réaction face à tout cela est bien résumée dans une chanson comme « Old Blood », dans laquelle je me dis que même s’il se passe des choses terribles, on va se battre et réussir à les surmonter.

Pour malgré tout rester positif ?
Exactement. C’était le plus important pour moi. Quand j’ai commencé à écrire les paroles, j’avais vraiment envie de sortir le disque le plus positif de tous les temps ! Après, bien entendu, si je ne parlais que des choses positives et oubliais les évènements durs de ma vie, ce serait un mensonge. Je mentirais aux kids, en leur disant que je n’ai aucun combat ou aucune difficulté au quotidien. Je préfère, comme je le disais tout à l’heure, rester à 100% honnête, et leur dire que la vie est dure, qu’on connaît tous des moments difficiles, mais qu’il faut rester fort. J’aime me retrouver dans les paroles des les albums d’autres groupes. Tu te sens concerné par les morceaux, et c’est ce que j’ai eu envie de faire à mon tour !


Pour en revenir à la composition, il me semble que vous écrivez principalement en « jammant ». Tu n’imagines pas composer tout seul dans ton coin ?
Non, on est vraiment un groupe qui jamme tout le temps, tous les quatre. Parfois, Scott [Middleton, guitariste de Cancer Bats, NdR] et moi, on écrit quelques idées ensemble qu’on propose ensuite aux autres. J’ai l’impression qu’on a un langage commun qui remonte à nos débuts, à quand on a commencé le groupe et qu’on passait notre temps à faire des démos. On communique très bien entre nous, et ensuite, Mike [Peters, batteur du groupe, NdR] et Jaye [Schwarzer, bassiste, NdR], qui sont très talentueux, réussissent à récupérer nos premiers jets et à nous aider à les transformer en chansons. Du coup, quand on se retrouve tous les quatre, la chanson sur laquelle on avait bossé se retrouve bouclée en quelques minutes.

Vous sortez un album précisément tous les deux ans, comment faites-vous pour garder cette cadence ?
C’est vrai ! (rires) Le pire est qu’on n’écrit même pas sur la route, alors qu’on passe la majorité de notre temps en tournée. On écrit bien tous ensemble. Et puis, après avoir tourné comme des dingues, on prend tous une semaine de vacances, et on fonce au studio pour l’album suivant, on ne perd pas notre temps ! (rires) On rassemble des idées, on écrit. Aujourd’hui, on arrive à composer beaucoup plus rapidement qu’à nos débuts, on est vraiment habitué à travailler ensemble, on communique beaucoup entre nous. Et puis, on se connaît très bien, on peut tout surmonter rapidement. On a appris à être un groupe ensemble, à quatre.

C’est de plus en plus facile à chaque disque ?
Oui, je pense que ça tend à devenir plus aisé d’écrire pour nous. J’espère que la tendance ne s’inversera pas ! (rires) Mais pour « Dead Set On Living », on va probablement passer un peu plus de temps sur la route après sa sortie. Il y a tellement de bonnes chansons dessus ! Et puis, on en a encore quelques unes sous le coude qui sont au moins aussi bonnes que celles de l’album. Du coup, je nous imagine bien tourner un peu plus longtemps que nos habituels 18 mois !

Du coup, pas de nouvel album de Cancer Bats avant 2016 ?
Quand même pas ! (rires) Disons 2015 !

J’ai remarqué de plus que chacun de vos opus est sorti ou sortira en avril. Y a-t-il une signification derrière cela, ou est-ce juste une coïncidence ?
C’est vrai ! (rires) II n’y a pas vraiment de coïncidence, ni de signification particulière, c’est juste qu’on tourne pendant un an et demi, et ensuite on va tout de suite en studio. C’est en quelque sorte un cycle. Au bout de plus d’un an de tournée, on commence à ressentir le besoin de composer de nouvelles choses ! En tant que musicien, il ne faut pas devenir stagnant et proposer toujours les mêmes morceaux. Maintenant qu’on a sorti notre quatrième album, on peut peut-être se reposer et se détendre un peu à ce niveau là ! (rires)

Et pour l’enregistrement en lui-même, sur combien de temps s’est-il étalé ?
On n’y a passé que quelques semaines ! A chaque fois qu’on va en studio enregistrer un album, ça nous prend généralement un mois. La différence avec « Dead Set On Living » est qu’on avait fait beaucoup plus de pré-productions de notre côté. Le matériel pour enregistrer chez soi est assez accessible aujourd’hui, donc on peut préparer des pré-prods à l’avance, tranquillement dans notre local de répèt’. Donc quand on est arrivé en studio, on avait déjà une bonne idée de la direction à prendre. Du coup, j’ai l’impression que ce nouvel album a une dimension live très importante, car on a jammé dessus un nombre incalculable de fois avant d’entrer vraiment en studio. On connaissait tous les titres par cœur, et c’est un grand confort ! Quand je réécoute nos anciens disques, je ne suis parfois pas satisfait de ma voix et je chante les morceaux de façon très différente en concert, car j’ai pu trouver avec l’expérience une façon plus confortable de le chanter. Là, en expérimentant beaucoup, j’ai pu trouver mon petit confort, et ça donne un rendu bien meilleur. C’était vraiment une révélation pour moi, il faut que je le chante une centaine de fois avant d’aller l’enregistrer !

Au sujet de l’artwork maintenant… La nouvelle pochette est dans la lignée de vos disques précédents, avec uniquement le nom du groupe dessus. Pourquoi ce choix ?
Il y a toujours des illustrations en plus. On a toujours le logo dessus, mais il y a toujours un artwork un peu plus développé dans le livret. Pour moi, c’est important de proposer un livret soigné, parce que ça donne de la valeur à l’objet physique en tant que tel. Ceux de « Birthing The Giant » et « Bears » étaient assez illustratifs. Pour cette fois, on a eu envie de graffitis, de signes… Donc quand tu regardes l’artwork dans sa globalité, ça donne l’impression que ça a été gribouillé à la main. Ce sont des petits éléments qui donnent sa richesse et sa personnalisation.

Est-ce que soigner l’artwork est une façon d’encourager les fans à acheter l’album ?
Pas vraiment ! De toute façon, que j’essaie de dire quelque chose ou non à ce sujet, les gens qui le veulent continueront à télécharger! On télécharge tous au moins de temps en temps, ça fait partie de notre culture désormais. Mais à côté, j’achète toujours des vinyles et je pense que même les jeunes qui téléchargent beaucoup veulent toujours un support physique. Au final, j’ai l’impression que beaucoup de gens téléchargent un disque pour être sûrs qu’il n’est pas pourri ! Quand on n’a que peu d’argent, je peux comprendre qu’on fasse ce genre de choses. Avant internet, on écoutait les albums dans les boutiques pour vérifier sa qualité avant de l’acheter, je pense que c’est plus ou moins similaire. Quand les gens sont attachés aux objets, aux artworks, ils vont l’acheter. Nous, on aime beaucoup les vinyles, on a toujours voulu sortir aussi nos albums dans ce format. En plus, on travaille avec Season Of Mist, un label qui comprend bien cette envie et la soutient. Pour nous, tout ce débat n’est pas un problème, on a vraiment une grande connexion avec les fans qui viennent nous voir en concert. Le téléchargement ne fait du mal qu’aux groupes qui ne tournent pas beaucoup. Pour nous, si le fan vient en concert après avoir écouté des mp3s téléchargés, on partage quand même un très bon moment. Au final, je préfère qu’on soit un groupe de live plutôt que de session, si je devais en choisir un des deux.

Tu évoques énormément le live, est-ce que, durant la composition, vous écrivez vos morceaux en pensant en priorité à la dimension qu’ils auront en concert ?
Oui, on reste vraiment conscient de cette dimension ! Dans le passé, on a eu des chansons qui ne passaient pas bien en live, même si on aurait aimé que ce soit le cas. Pour « Dead Set On Living », on s’est dit qu’il fallait qu’on écrive un disque qui pourrait être joué dans son intégralité en live sans aucun souci ! On a appris de nos erreurs, et ça nous a permis de bien savoir ce que l’on voulait ou non.


Du coup, vous envisagez de jouer l’album en intégralité en live ?
Je ne sais pas honnêtement ! Certains groupes le font, comme Mastodon avec « Crack The Skye », et j’ai trouvé ça vraiment génial. Si nos fans aiment l’idée, peut-être qu’on le fera. Ca pourrait être cool. Mais je reste attaché à l’idée de balancer aussi des extraits de nos autres disques, de faire une « méga set list ». C’est cool aussi !

Deux questions rapides pour terminer ! Est-ce que vous prévoyez de venir jouer en France prochainement ?
Oui, on viendra quand l’album sortira, fin avril ! On fera un concert pour l’occasion à Paris [le 23 avril à la Boule Noire, NdR], puis à Lyon [le 30 avril au Marquise, NdR]. Ensuite, on sera là au Hellfest, puis on espère pouvoir revenir durant l’automne. Et ensuite, sûrement début 2013. Donc beaucoup de shows ! (rires)

Un dernier mot pour nos lecteurs ?
Je suis impatient que vous écoutiez ce nouvel album, ça va vous rendre dingue ! (rires)
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